chu de Grenoble sur les risques et dérives dans l'alimentation du tout petit

Risques et dérives dans l’alimentation du tout petit
Dr JP Chouraqui. CHU Grenoble

Conduite à tenir :
  • Jusqu’à 4 – 6 mois : Allaitement ou Préparation Pour Nourrisson (PPN)
  • Diversification : Introduction d’aliments autres que le lait ayant pour but :
  • De pallier aux limites du liquide. Ne pas dépasser 800 ml/jour
  • D’assurer des apports nouveaux (fibres, amidon)
  • De permettre l’apprentissage des saveurs, des textures, des couleurs
  • De favoriser l’éducation (goût, modes, cuillère, fourchettes, verres, tasses…). La France est le pays où on garde le plus longtemps le biberon. Le verre devrait être introduit à 7 mois.
  • De stimuler la socialisation (face à face pendant le repas)
  • Entre 1 et 5 ans : Les enfants ont des besoins différents des adultes pour leur croissance et le développement de leur cerveau.
Les enjeux :
Garder l’enfant dans le même état, pas dénutri.
Assurer son développement
Assurer son exercice physique. Penser que chez le nourrisson, le poids de la tête représente ¼ du poids du corps et qu’il la soulève environ 60 fois par jour. C’est comme si un adulte soulevait 15 à 20 kg avec sa tête 60 fois….

Vitesse de croissance :
Maximum entre 0 et 3 ans.
Vers 3-4 ans, il prend 6 à 7 cm/an
La croissance est identique (si les conditions sont les mêmes) dans des pays différents.
L’indice IMC est important.
Après 3 ans, le cerveau ne grossit plus mais établi des connections.
A 5 ans, en poids le cerveau de l’enfant représente 90 % du cerveau adulte.
La fonction du cerveau est liée à la présence d’acides gras.

Risques :
  1. Ne pas allaiter :
L’allaitement prolongé est recommandé jusqu’à 6 mois par l’OMS.
Attention aux produits toxiques, non contrôlés.
Attention à ce qu’elle mange, boit, fume …
Avantages : Nutritionnels, relationnels et fonctionnels
Bénéfices : - Disponibilité et moindre coût
  • Apports d’éléments immunologiques et enzymatiques
  • Baisse des infections respiratoires et enzymatiques
  • Baisse des allergies
  • Masse maigre bon chiffre à 1 an si allaitement > 8 mois et si bonne diversification
  • Effets sur le risque d’obésité et développement cognitif controversés

  1. Le mauvais choix de départ :
A la naissance, les antécédents familiaux d’allergie vraie déterminent les critères de risque :
  • Si 0 : 12 % de bébés allergiques
  • Si 1 parent : 20 %
  • Si 2 parents : 43 %
  • Si fratrie : 33 %
Le lait HA doit être donné :
  • en alimentation exclusive. Attention sans homéopathie car elle contient du lactose !
  • au moins jusqu’à 4 mois
  • en évitant les sources de Protéines de Lait de Vache (lait de toilette)
Les éléments discriminants pour le choix du lait : Protéines, Lactose, Glucides

  1. Abandon précoce des laits infantiles :
On abandonne beaucoup trop tôt les laits infantiles pour donner du lait de vache ½ écrémé.
Pourtant l’être humain n’est pas un ruminant et il n’a pas le même fonctionnement digestif !
Le sevrage est trop précoce et on passe trop vite au lait de vache :
  • Plus on enlève de graisses et moins on a de calories
  • Plus le bébé a faim et plus la mère ajoute des sucres
  • Augmentation du sel
  • Baisse des quantités de Fer et de Vitamine D
Le lait de suite : Baisse en sel et en protéines. Augmentation en Ac linoléique et en Fer.

  • De 4 à 6 mois : Lait maternel
  • De 8 à 12 mois : Lait 2e âge
  • De 1 à 3 ans : Lait de croissance
En France, on donne du lait de vache à partir de 8-12 mois et on l’arrête à 2 ans !

Le lait de croissance représente un surcoût de 50 cts/jour. Mais quel est le prix des cigarettes ou celui d’un paquet de biscuits ?

  1. Diversification mal conduite :
Pourquoi attendre ? – avant le lait est suffisant
  • Inutilisé nutritionnelle
  • Développement enzymatique
  • Sensibilité antigénique (allergies)
  • Carence et excès secondaires
Toute la diversification doit être faite avant 8 mois.


  1. Les erreurs :
- Trop précoce avant 4 mois
  • Excès d’apports protéiques
  • Utilisation du lait de vache ½ écrémé
  • Apports insuffisants en calcium
  • Supplémentation inadaptée en vit D et fluor
Eviter de donner des petits suisses aux enfants.
Le petit suisse, c’est du lait concentré, du lait densifié donc il apporte plus de protéines.
La vit D aide l’os à grandir. On devrait en donner systématiquement jusqu’à 22 ans.

La diversification trop précoce : - Risque d’allergie
  • Trop pauvre en calories
  • Inadaptée
  • Trop de protéines
Protéines :
Les enfants reçoivent en moyenne 4 fois plus de protéines que nécessaire !
Une étude a été faite sur la taille des reins d’enfants de 3 mois, les reins sont beaucoup plus gros pour ceux qui ont mangé beaucoup de protéines.
L’excès de protéine et obésité : Plus de protéines augmente l’indice de corpulence.

Lipides :
La peur des graisses se développe !
Il n’y a pas assez de lipides, d’Acides Gras essentiels (AGE) et d’oméga 3.
Jusqu’à 3 ans, l’alimentation de l’enfant doit être composée de 40 % de graisses.
Après 6 mois, il n’y a pas assez d’omégas 6 et 3.
Favoriser les huiles végétales (olive….), les omégas 3 (Huile de colza) et manger du poisson (pas du jambon) !
Eviter le jambon car il contient des colorants, du sel et du gras. Donner plutôt du rôti de porc.

Carence en Fer :
Après 8-9 mois, l’apport en Fer est insuffisant.
On trouve du fer dans la viande et le lait de croissance.

Consommation d’aliments non adaptés :
A 3 ans, les enfants sont 10 % à manger des aliments pour bébés
80 % à avoir une alimentation non adaptée
10 % à manger du fait maison
Après 2 ans, 82 % des enfants mangent comme les parents et c’est une grande erreur !
Il y a alors des excès en protéines, acides gras saturés, vit A et saccharose
Et des manques en fer, zinc, acides gras essentiels, amidon et fibres

La néophobie ou le refus d’aliments :

Ces rejets se reportent à :
  • 54 % sur les légumes
  • 29 % sur viandes, poissons, œufs
  • 20 % sur les fruits
  • 11 % sur riz et pâtes
Il y a beaucoup moins de néophobie après un allaitement maternel.
Proposer 6 fois un aliment en moins de 10 jours pour le lui faire accepter.

Peur de la viande :
Due aux scandales et aux maladies du bétail
La viande apporte des protéines, vit B et fer
La viande rouge est recommandée 3 fois/semaine, le poisson 2 fois/semaine et les œufs 2 fois/semaine. Ainsi la semaine est équilibrée.

Peur des huiles :
Due aux huiles frelatées, au faux discours sur l’huile de palme…
Il n’y a aucun risque avec l’huile de palme, c’est un des carburants indispensables du cœur.
Dans le lait maternel, il y en a. Il est composé d’acide palmitique et d’acide linoléique.

Peur des OGM :
A ce jour, il n’y a aucune preuve du danger.
Il n’y a pas d’OGM dans l’alimentation de l’enfant donc aucun risque.


Modes et mythes :

Le bio :
C’est un mode de culture. Il ne change pas l’apport nutritionnel.
La culture bio : - Augmente les mycotoxines (E Coli) : Bien laver et éplucher.
  • Baisse les pesticides
  • Baisse les nitrates
  • Moins d’OGM
Mieux vaut de tout régulièrement plutôt qu’un peu de bio.

Végétalien et macro représente un danger car il est essentiel de consommer du lait et des œufs.
Lacto ovo végétarien : pas de carence

Les problèmes nutritionnels apparaissent surtout si absence de lait et laitages.

La phobie du lait :
Certains parents arrêtent le lait pour donner des jus divers ( Riz, soja….) dont certains avec aucune indication nutritionnelle.
Attention ! C’est de la maltraitance nutritionnelle et une erreur médicale grave.

Le lait de chèvre représente : - 30 à 60 % d’allergie croisée
  • Nutrition inadéquate
  • Risques infectieux
Donner du Yaourt (le vrai) ou Activia avec Probiotiques car meilleure tolérance.
Un yaourt = 120 ml de lait

Mieux vaut manger du fromage que des petits suisses !


Lorsqu’un enfant ne mange pas de morceaux, nécessité de reprendre toute l’alimentation à zéro.

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