osez lui dire NON



Conférence-débat organisé par les services Petite Enfance De La Motte-Servolex
Jeudi 24 Mars 2011
Intervenant : Ridha FERJANI, psychologue, formateur

" Papa, Maman , Nounou,osez me dire non , ça m'aide à bien grandir "

« lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter , lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là en toute beauté et en toute jeunesse , le début de la tyrannie »
Platon (427-347 av .J.C)

Cette citation de PLATON nous introduit pleinement dans le thème de notre débat , pour nous rappeler :
1 ) que la question de l’autorité , aussi ancienne soit-elle, fait partie intégrante de l’histoire humaine et plus
précisément de l’éducation des enfants.
2 ) que le défaut de son affirmation , et à fortiori de son exercice , engendre des difficultés dans la construction psychologique de l’enfant et dans l’élaboration de ses modes d’insertion et de relations.
Aujourd’hui encore, les adultes, qu'il s'agisse de parents ou/et de professionnels, sont confrontés à des comportements qui les dépassent, les inquiètent, les déstabilisent, les effraient.
Ils sont perplexes, désemparés, débordés et cherchent des interlocuteurs avec lesquels partager leurs questions et trouver comment faire.
Or, accueillir un jeune enfant, c’est créer pour lui un environnement où il va pouvoir vivre en toute sécurité et trouver ce dont il a besoin au moment où il en a besoin. C’est lui permettre de grandir.
Ainsi règles, limites et repères sont nécessaires pour que l’enfant puisse trouver chez lui, à la crèche, à la halte garderie ou chez la (ou le) nounou un lieu pour grandir..
Donc , pour bien se construire un enfant a besoin de repères , d’autorité et de limites

A - Les repères assurent à l’enfant permanence, régularité et stabilité.
• des repères de lieux et d’aménagement de l’espace
• des repères de temps
• des repères de personne,
Les repères n’excluent pas les changements. Au contraire, c’est parce qu’il y a un cadre cognitif et affectif sur lequel il peut s’appuyer, auquel il peut se référer et qui le contient, que l’enfant peut investir la nouveauté, découvrir et apprendre le monde qui l’entoure.

B – l’autorité et les limites l’aident à bien grandir
La réflexion sur les repères conduit à celle sur les règles.
Car les règles sont des repères de fonctionnement.
Les règles posent les limites du possible, de l’impossible et du nécessaire. Les règles posent des limites, des droits et des devoirs.
Les règles permettent à l’enfant de se repérer et lui assurent sécurité, continuité et stabilité. Elles sont des supports de construction et de socialisation pour les jeunes enfants accueillis.
Les règles sont rassurantes pour l’enfant car elles ne fluctuent pas. Ce point est fondamental elles ne doivent pas varier en fonction du personnel, de son humeur ou de l’enfant auquel le personnel s’adresse.

Définition de l’autorité :
L’étymologie l’atteste: le mot qui nous vient du latin, auctoritas, signifie augmenter : être soi-même l'auteur de ses actes pour permettre à l'autre de le devenir.
L'autorité, c'est donc le droit qu'on a d'être cru dans ce qu'on dit.
L'autorité est un mixage qui mêle une compétence (éventuellement reconnue juridiquement), et un caractère moral, non trompeur. On peut faire confiance à celui qui parle. Le pas est vite franchi de la confiance à la croyance.
L’article 371 définit l'autorité parentale comme un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant (-1 du Code Civil (loi n°2002-305 du 4 mars 2002).
« L’autorité appartient aux père et mère jusqu'à la majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement dans le respect dû à sa personne.
L'article 373-2 du Code Civil précise que la séparation des parents est sans incidence sur les règles de dévolution sur l'exercice de l'autorité parentale. Chacun des père et mère doit maintenir les relations personnelles avec l'enfant et respecter les liens de celui-ci avec l'autre parent.
On sait que tout cela n’est pas facile car il n'y a pas de parent irréprochable ni d'enfant parfait.
Et comme le rappelle B.Bettelheim : « il n’y a pas de parents parfaits, il n’y a que des parents perfectibles ».
Or, aujourd'hui, les enfants sont rares et précieux, éduquer est devenu une tâche extrêmement complexe.
Ainsi, l'autorité ne peut se retrouver aujourd'hui que par la cohérence, en particulier entre les intentions, entre les paroles et les actes et par la parole vraie (et authentique).
Nous sommes tous concernés, quotidiennement, par cette nouvelle forme d'autorité à trouver - ni répressive, ni laxiste - mais elle ne se décrète pas, elle s'invente ensemble.

C’est pour cela qu’on conseille souvent aux parents, de poser des limites, de signifier les règles et d’affirmer leur autorité en gardant leur calme, autant que possible.
En effet, l’adulte n’est pas toujours ni disponible, ni d’humeur égale, ni à l’abri d’un coup de colère ; surtout quand l’enfant le pousse dans ses retranchements.

Maryse Vaillant est psychologue clinicienne, son livre co-écrit avec Judith Leroy, « Ma famille, mes copains, mon école et moi », vient de paraître chez Pocket Jeunesse. (A propos de sanction et punition)
« L'autorité parentale n'est pas le pouvoir des parents mais leur responsabilité. C'est un devoir de protection, de sécurité, de santé et d'éducation. La punition devrait être exceptionnelle et la sanction courante ».
La sanction marque les conséquences d'un acte (privation ou félicitation, récompense, offre de réparation), alors que la punition vise à faire souffrir le fautif.
Or, l'enfant est dans l'erreur bien plus que dans la faute. Il lui faut un cadre éducatif ferme et affectueux, ni sévère ni coercitif.
Interdire, répéter l'interdiction, est plus efficace que menacer et sévir.
OSER et POUVOIR DIRE NON : une nécessité pour aider l’enfant à grandir
Parce que l’autorité et les limites sont structurantes et sécurisantes et qu’elles sont nécessaires pour aider l’enfant à se construire et à grandir, qu’il est important de pouvoir dire NON à l’enfant, quand c’est nécessaire. 
Or, aujourd’hui, la société ne propose plus une morale unique pour permettre aux adultes de résoudre les questions éducatives auxquelles ils sont confrontés.
Donc, c’est à chacun de fixer ses propres cadres de référence.

3
Par conséquent, beaucoup de parents ne semblent pas à l’aise avec l’AUTORITÉ : comme s’ils ne veulent pas faire « comme avant » ni tomber dans le « laisser-faire ».
Donc, oser dire «non » à son enfant est pour certains parents un acte difficile.
On va démontrer que oser dire non est souvent utile et nécessaire
A) dire NON : c’est pour son bien et sa sécurité
Il faut toujours se rappeler que les interdits et limites sont indispensables à l’enfant, il en a besoin pour grandir.
L’enfant a besoin :
* de parents et d’adultes fermes et bienveillants.
* d’adultes contenants et rassurants
* « « capables d’écoute et d’explication
* « « de dire NON.
* « « qui donnent l’exemple.
* « « qui transmettre le PLAISIR d’APPRENDRE et d’ETRE.
* « « motivés et convaincus afin d’être motivants et convaincants.
« L’absence de limites est source d’angoisse, pas seulement chez l’enfant, d’ailleurs… Un enfant qui ne se voit jamais signifier de limites claires et solides se trouve aussi très démuni. Poser des interdits revient à semer des petits cailloux blancs pour que votre Petit Poucet puisse se frayer un chemin dans la vie”
Sophie GUILLOU
“Pour une nouvelle autorité des parents”.
Coll.Les Essentiels . Ed.Milan
B) dire NON et poser des LIMITES :
c’est aider l’enfant à entrer dans l’humanité
Un petit enfant est mû par le seul principe de plaisir : si on l’écoutait, il mangerait des bonbons toute la journée.
Mais en grandissant, il sera de toute façon confronté à la loi de la réalité, donc aux frustrations.
Il appartient aux parents, par les interdits qu’ils posent, de le préparer à la vie en société.
L’enfant adulé, pourri, trop gâté , à qui l’on permet tout , est en général très malheureux dés qu’il entre à l’école.
C) Dire Non c’est AIMER l’enfant
“ On n’élève pas un enfant pour qu’il vous aime, mais pour lui-même”
Dr Patrick DELAROCHE « Parents, osez dire non »
Ed. Albin Michel
Derrière la difficulté d’assumer leur autorité, beaucoup de parents cachent en fait la peur de perdre l’amour de leur enfant.
En effet , s’opposer à son enfant , l’empêcher de faire ses quatre volontés , c’est prendre le risque de s’entendre dire “ tu es méchant , je ne t’aime plus “ .
“ Etre parent, c’est accepter l’idée d’être détesté ; au moins le temps d’un caprice »
Les parents sont souvent confrontés à des bouderies, colères ou représailles de l'enfant. Parfois, les parents les vivent comme une menace ( perdre l'amour de leur enfant).
Ces moments de crises ne sont pas agréables, mais il faut y faire face.
Ne pas réagir, c'est montrer que le chantage affectif de l'enfant est efficace.

4
Cette peur de « perdre l'amour de son enfant » est d'autant plus paradoxale, que c'est généralement l'enfant qui craint de ne pas être aimé.
«Si on a peur de perdre l'amour de son enfant, cela veut dire que l'enfant n'est pas mis à la « bonne place » dans la hiérarchie parentale: il devient le parent de ses parents »,
Jean-Claude LIAUDET, psychologue, auteur de
« Françoise DOLTO expliquée aux parents ».
Editions l'Archipel.
D ) Dire non , c’est faire entrer l’enfant dans le Symbolique et dans l’ordre des générations
L’autre difficulté à cadrer l’enfant provient de la confusion des ROLES :
enfant sacralisé , tout tourne autour de lui , on fait tout en fonction de lui ( ex : parfois dans des faire-part , c’est l’enfant qui annonce le mariage de ses parents,.) dans ces confusions , l’autorité devient plus que difficile à exercer .
Pourquoi l'autorité fait-elle défaut à certains parents ?
Pour certaines familles l'autorité devient un problème quotidien, envahissant. Absorbées par leur lutte quotidienne pour survivre, ou atteintes par leur disqualification (chômage, problèmes multiples, dépression) , elles lâchent progressivement l'enfant ou le confient totalement aux institutions qui l'accueillent, aux habitants du quartier (elles ne savent pas où il est), et se retrouvent progressivement démunies, sans autorité, dans l'espace même du logement,
de la famille.
Parmi les causes au déficit de l’autorité, on peut invoquer les points suivants :
·  Souci conscient ou non de ne pas reproduire ce que l'on a connu vécu ou subi quand on était enfant .
·  L’idée que l'on a du « bon parent » : celui qui écoute toujours, explique toujours, et veille à respecter tous les désirs de l'enfant -enfant personne - enfant roi qui ainsi deviendra le mieux de lui-même
·  Le laisser-faire lorsqu'on est parent fatigué, préoccupé, surchargé, débordé et que l'on aspire au calme, à la détente ou à l'harmonie familiale .Eviter les conflits, ne pas exiger, ne pas refuser ou interdire sont des sortes de symptômes de nos modes de vie d’aujourd’hui, trop souvent stressés et insatisfaisants.
·  La difficulté ( voire la résignation ) de ceux qui ; ayant compris qu'il est absolument interdit de gifler, fesser ou battre un enfant - eux qui ont été éduqués ainsi -, ne savent plus comment imposer les exigences, les règles nécessaires.
·  Les Droits de l'Enfant est un incontestable progrès, mais - comme tout progrès - dans son application à la lettre, elle peut produire des effets secondaires dommageables pour l'enfant qu'elle entend protéger.
·  Par ailleurs, aux certitudes du passé, se sont substitués les doutes et les angoisses du «mal faire». Ce qui semble générer un manque de repères. En effet, certains parents se culpabilisent, se demandent s’ils sont de bons parents.

QUELQUES CONSEILS POUR LES ADULTES :
Le métier de parent, est le plus difficile qui soit. En effet, face aux mutations sociales actuelles qui ont bouleversé les repères fondateurs, il est de plus en plus malaisé de parler d’un modèle de famille et par conséquent d’un modèle de la fonction parentale.
Dans ce contexte existentiel fragilisant, les parents – et particulièrement ceux de milieux populaires et/ou d’origine étrangère-- finissent par douter de leurs capacités de participation et d’affirmation personnelle et culturelle et ne s’autorisent pas ou plus à assumer leurs rôles de parents.
Autant faire son deuil de l'idée de bien faire ou bien de vouloir être le meilleur. Par contre, essayer de faire de son mieux en étant convaincu et convaincant.
Par ailleurs, il est normal et inévitable, pour tout parent, de rencontrer des crises durant l'éducation de son enfant.

5
On conseillerait à chaque adulte qui a affaire à des enfants (parents, professionnels…etc ) de réfléchir aux attitudes suivantes :
· ETRE AUTHENTIQUE : être soi, agir avec bon sens et conviction
· NE PAS SE JUSTIFIER : Avec un petit enfant , on ne négocie pas .Non c’est non. C’est comme ça et pas autrement .Ces bases lui serviront quand il sera adolescent
· Le NON doit être FERME et surtout sans appel. Si vous revenez dessus =>l’enfant pense que vous êtes une personne peu fiable et donc peu sécurisante.
· Vaut mieux tenir bon sur quelques principes peu nombreux que céder sans arrêt et perdre toute crédibilité.
· Parfois, il vaut faire l’économie des cris et des fessés ===> mais plutôt , regarder l’enfant droit dans les yeux , soutenir son regard et lui montrer que c’est vous qui commandez .
· Poser la sanction réellement quand il le faut : à chaque transgression d’un interdit, la sanction doit tomber.
C’est à ce prix que l’enfant vous prend au sérieux
· Punir l’ACTE et non la personne
· Ne pas confondre NEGOCIER (qui consiste à faire la part entre ce qui est indiscutable et ce qui est négociable pour donner de la souplesse) et RENONCER (c’est-à-dire céder par lassitude ou pour avoir la paix ou éviter le conflit).
· Avoir un positionnement clair dans la fonction permet de définir la place de chacun ; c’est à dire de ne pas confondre le monde des adultes et celui des enfants , car l’éducation détermine les adultes à être responsables de la vie des enfants.
· avoir un positionnement clair en tant que personne
· avoir un positionnement clair dans les différences de génération:
« Je suis un adulte : je ne suis pas le copain ou la copine de son enfant »
Donc, la qualité du dialogue parents- enfant joue un rôle important dans l’éducation et dans l’affirmation de l’autorité .
Or, communiquer ce n’est pas seulement parler, mais c’est aussi :
· Ecouter pour comprendre
· Faire parler le jeune et pas uniquement lui parler
· Etablir et maintenir une bonne distance
· prendre sa place d’adulte pour aider le jeune à prendre la sienne
· le jeune attend que les adultes tiennent leur place d’adultes capables de maintenir les repères et de définir le cadre .
Mais « si l’adulte se défausse et abandonne l’adolescent à sa quête en solitaire sans fixer de bornes, il y a de fortes chances pour que ce dernier se mette à somatiser ou qu’il passe à l’acte, que ce soit par la violence ou contre lui-même »
Le psychiatre Philippe-Jean PARQUET a dit :
“ Un adolescent ( idem pour un enfant ) a besoin de savoir que l’adulte est vivant , qu’il recèle en lui de l’humanité et de l’amour, qu’il a des propositions de vie et qu’il est capable de compréhension”

6« Typologie » des adultes aujourd’hui
A propos de la posture de l’adulte face à l’adolescent, Gérard GUILLOT
(professeur de philosophie à l’IUFM de Lyon ) propose une « typologie » distinguant cinq postures de l’adulte d’aujourd’hui :
1- l’Adulte complice :
« C’est l’adulte qui joue la carte de complicité fusionnelle avec l’adolescent ou l’adolescente. C’est au fond l’adulte qui veut rester adolescent(e).ex : on va voir une mère avec sa fille préadolescente aller choisir avec elle leurs sous vêtements respectifs ».
2 - l’adulte caution :
« C’est l’adulte qui ne peut pas jouer à « on est pareil », mais qui projette sur son enfant un rêve inassouvi ou un rêve nouveau d’adolescence …c’est l’adulte qui va donner son aval à tout … »
3 - l’adulte indifférent :
« en lien avec la croissance de l’individualisme et avec la rupture du lien social ….c’est l’adulte qui se montrer indifférent et qui va se désintéresser du jeune et le laisser livré à ses désirs et à ses inquiétudes ».
4 - l’adulte dogmatique :
« C’est l’adulte qui va rejeter purement et simplement cette culture adolescente de l’immédiateté. C’est souvent un partisan d’une restauration de l’autorité à l’ancienne ».
Pour Gérard GUILLOT :
« un adolescent a besoin de se construire CONTRE l’adulte , dans le double sens du terme « en opposition à » et « en appui sur ».
·  Or, avec l’adulte complice ou l’adulte caution, il n’y a pas « d’opposition à ». Ces adultes veulent un bon contact et surtout pas de conflits ».
·  L’adulte indifférent, lui, s’éloigne.
·  L’adulte dogmatique, il veut bien le conflit, mais celui-ci est résolu d’avance.
Dans tous ces cas de figures, l’adolescent est privé du « en opposition à » et du « en appui sur ».
5 - l’adulte adulte :
C’est le cinquième type d’adulte que Gérard Guillot propose pour pallier aux différentes défaillances des précédents.
« C’est l’adulte qui accepte d’être un adulte ingrat au quotidien, qui accepte ce dialogue difficile, conflictuel avec
l’adolescent, qui sait être à l’écoute dans les moments nécessaires et non pas dans les moments que l’adulte choisit nécessairement ».

7
Prière secrète d'un enfant à sa Mère et à son Père
Maman, Papa, je vous en supplie,
ne me laissez pas croire
que mes désirs sont tout puissants.
Maman, Papa, je vous prie
prenez le risque de me frustrer
et de me faire de la peine
en refusant certaines de mes demandes
Maman, Papa, c'est important,
pour moi, que vous sachiez me dire non,
que vous ne me laissiez pas croire,
que vous pouvez être tout pour moi,
que je peux être tout pour vous.
Maman, Papa, surtout,
entendez mes désirs,
mais n 'y répondez pas tout de suite.
En les satisfaisant trop vite ... vous risquez de les assassiner.
Confirmez-moi que j'en ai, qu'ils sont recevables ou irrecevables
mais ne les prenez pas en charge à ma place.
Maman, Papa, S'il vous plaît,
ne revenez pas trop souvent sur un refus,
ne vous déjugez pas,
pour que je puisse ainsi découvrir
mes limites et avoir des repères clairs.
Maman, Papa,
même si je réagis, si je pleure,
si je te dis à toi. Maman " méchante et sans coeur... "
Reste ferme et stable
cela me rassure et me construit,
si je t'accuse toi, Papa " de ne rien comprendre "
ne m'enferme pas dans mes réactions.
Maman, Papa, par pitié,
même si je tente de vous séduire, résistez,
même si je vous inquiète, ne vous soumettez pas,
même si je vous agresse parfois, ne me rejetez pas,
c'est comme cela que je pourrai grandir.
Maman, Papa, laissez-moi vous dire aussi à chacun
que je ne suis que votre fils, votre fille.
Jacques SALOME.

Je craque, que faire ?
Tout d’abord, dîtes-vous que cela arrive à TOUS les PARENTS !
Idéalement, on fait la part des choses entre ses tracas personnels et les dérives de ses enfants. Ils n’ont pas à subir ce que nous endurons à l’extérieur. Facile à dire, évidemment… Car les raisons de craquer sont multiples : il pleurniche, il râle sans arrêt,
il fait des crises de nerfs, il faut lui répéter 50 fois les mêmes choses. Bref, avouons-le, il arrive que nos enfants nous excédent.
Le quotidien ne roule pas comme on aimerait, on ne répond pas à l’image de mère idéale que l’on rêverait d’être.
Alors que faire ?
- Expliquez votre état à votre enfant, même petit. Cela ne promet pas forcément l’assagissement de votre progéniture mais votre enfant ne se sentira pas responsable de votre crise de nerfs soudaine.
- Vous n’en pouvez plus, et bien respirez ! La pédiatre Béatrice Di Mascio vous conseille de vous isoler, de souffler et surtout demandez à un proche (une voisine, une amie, un parent, le père) de prendre le relais.
Dans son passionnant ouvrage, Mon enfant me dévore (Albin Michel), la psychologue Lyliane Nemet-Pier énumère les impairs à ne pas commettre dans les situations limites :
- Ne pas céder à la fatigue. "La fatigue est comme une mère qui ne se lève plus la nuit pour nous combler de ses bras " dit joliment l’écrivain Christian Robin. Si la fatigue diminue notre seuil de tolérance, elle ne peut pas tout expliquer. Vous avez des devoirs et rétorquer à un enfant qui ne vous a pas vu de la journée que vous êtes trop fatiguée pour l’écouter ou lui
accorder un peu de temps est difficilement audible par un petit enfant !
- Eviter le conflit. Parce que vous êtes fatiguée, à bout… Vous baissez les bras pour que tout se passe bien. Mais à long terme ? On ne peut pas faire l’économie de conflits, il faut le savoir !
- Un enfant entend un message s’il est cohérent. Vous faites preuve de cohérence si les lois de la maison ne changent pas, si elles ne sont pas sujettes à vos humeurs ou à votre état de fatigue. Les règles étant difficiles à appliquer, il vaut mieux s’en tenir à l’essentiel. " Se limiter à quelques exigences raisonnables, respectueuses et en accord avec l’âge de l’enfant est un
gage de réussite ", explique la psychologue Anne Bacus.
- Douter de soi. " Si un parent s’interroge sur le bien fondé de ce qu’il est en train d’imposer à son enfant, il risque de renoncer à la moindre contestation de ce dernier ".
- Faire taire. Une tétine, la télévision, une console de jeux… sont de formidables pourvoyeurs de calme à la maison. Mais ces nounous cathodiques ont des conséquences néfastes sur le développement de votre enfant qui a aussi le droit de s’exprimer, de faire entendre ses états d’âme.
- Abuser de votre force. La maltraitance physique ou verbale est évidemment à bannir. Tout ce qui blesse physiquement ou moralement un enfant va à l’encontre de son développement. Or, le métier de parent n’est-il pas de donner le maximum pour assurer à son enfant un développement harmonieux et toutes les clefs pour devenir autonome et heureux ? La " bientraitance " (terme utilisé par Lyliane Nemet Pier) passe, bien sûr, par le droit pour les parents de " craquer ", mais sans jamais atteindre le respect de l’enfant.
Pourquoi les parents semblent-ils si débordés ?
Admettez votre état.
Vous n’en pouvez plus, vous êtes submergée…
Lâchez prise avant de craquer : " quand on n’en peut plus, on s’arrête, explique la pédiatre Béatrice Di Mascio qui conseille
alors de limiter les tâches non vitales, comme le repassage ou l’élaboration de plats compliqués". Si vous craquez, simplifiezvous la vie ! Vous n’avez pas l’énergie de cuisiner ? Et bien, il y a Picard ou le chinois d’en bas…
Continuez à vivre.
Les parents qui travaillent trouvent de moins en moins l’énergie de sortir, d’écouter leurs propres besoins. Or, les instants de plaisir, c’est essentiel ! Vous êtes à bout mais vous n’avez pas reçu d’amis depuis longtemps. Et bien, au lieu d’annuler,
préparez un dîner simple, la formule apéro fonctionne parfaitement, explique la pédiatre.
Soyez à l’écoute de votre enfant. Vous êtes fatiguée, à bout… Et c’est justement là que votre petit dernier se réveille la nuit, devient impossible. Posez-vous des questions. Faites une pause. Les tâches ménagères sont sans fin. Et si vous vous arrêtiez un instant pour écouter vraiment vos enfants

BIBLIOGRAPHIE
« un avenir pour la paternité » . Alain BRUEL . Ed . Syros . 1998.
« l’autorité parentale » . Thierry FOSSIER . Ed . E S F
« Etre parent ça s’apprend » .Thomas GORDON . Ed.Marabout.
« L’adolescence au quotidien » .Maryse VAILLANT . Ed. Syros.
« Savoir gérer les violences du quotidien ».Edith TARTIER-GODDET . Ed. Retz.
« Qu’est-ce qu’un père ? » . Daniel COUM . Ed.Erès.2003.
« Parents, osez dire non ». Dr. Patrick DELAROCHE. Ed. Albin Michel.
« Doit-on céder aux adolescents? » Dr .Patrick DELAROCHE . Albin Michel.
« Pour une nouvelle autorité des parents : sans le retour du baton » .
Sophie GUILLOU . Collection Les Essentielles. Ed.Milan
« Cessez d’être gentils, soyez authentiques ».
Thomas d’Ansembourg. Ed. de l’Homme.
« Aimer sans tout permettre »
Dodson, Fitzhugh
Marabout, 1997. 350 p.
« ces enfants qui remettent tout à demain »
Emmett, Rita
Montréal : Éditions de l'Homme, 2002. 214 p.
« Doit-on céder aux adolescents ? »
Delaroche, Patrick
Paris : Albin Michel, 1999. 263 p.
« Parents, osez dire non »
Delaroche, Patrick
Albin Michel, 1998. 250 p.
« Eduquer sans punir : apprendre l’autodiscipline aux enfants »
Gordon, Thomas
Éditions de l'Homme, 2003. 246 p.
« L’autorité »
Saladin-Grizivatz, Catherine
Bayard, 2003. 96 p
« l’enfant-tyran : savoir dire non à l’enfant-roi »
Samson, Guy
Outremont (Québec) : Quebecor, 2004. 128 p.
«Mal élevé : le drame de l’enfant sans limites »
Robert-Ouvray, Suzanne B.
Desclée de Brouwer, 2003. 237 p.
« mon enfant s’oppose : quoi dire ? quoi faire ? »
George, Gisèle
Odile Jacob, 2002. 296 p.
« Parents en perte d’autorité »
Bélanger, Robert
Éditions Robert Bélanger, 1987. 143 p.

Aucun commentaire: